Il ne suffit pas de souffler une note pour lui donner toute sa teneur, ses inflexions, ses nuances et sa palette de couleurs, sa structure, sa sculpture, son animation, son élévation, sa ferveur.
Ils se défendent mal, ne sachant que faire du beau, du joli sur commande ou sur ordre ; cela ne les intéressent pas.
Et c’est une fierté de faire descendre cette poésie dans la rue,
le vacarme,
dans la joute,
la contreverse,
de la livrer pour mieux la délivrer.
Cette musique est d’écrire un son pour taire les silences.
Elle a ceci de particulier qu’elle est au courant des choses avant qu’elles n’arrivent.
Elle apaise, elle conforte.
C’est le plus grand diplomate pour faire lien d’humanité.
Elle permet de faire la différence entre exister et vivre,
Assumer ses émotions et tourner autour,
aussi improbable que la réalité,
Passer de la nuit au jour, éclairage de sons qui donne sens,
Insuffler de la vie même à la mort.
S’oublier pour lâcher prise,
Et faire naître des astres de musique qui nous font s'envoler.
Le son se propage alors dans l’air pour faire le plein de vide et mieux se diffuser,
s'instiller,
vous envahir d'ondulations, de vibrations, d'émotions,
en suspens,
sans support.
Ainsi, il se fait lumière pour vous emplir et ne plus jamais vous quitter,
dans la flamme, la note...,
Bleue.
«Des explosions d'irréel dans une fumée blanchissante. Mais nul bruit pour les oreilles : Un tracas au fond de l’âme. »
Jules Supervielle